Politique - Article paru le 28 janvier 2009
« Une mobilisation exceptionnelle. » À l’évidence, l’éducation nationale devrait représenter le gros des troupes dans les défilés du 29 janvier. Personnels, enseignants, chercheurs, mais aussi étudiants, lycéens et parents d’élèves… La quasi-totalité des organisations syndicales ont appelé à cette journée de grève. Avec un mot d’ordre : s’opposer aux milliers de suppressions de postes et lutter pour « une école assurant la réussite de tous les jeunes ».
Le primaire
en force
Suppression des RASED, mise en place de l’aide personnalisée, nouveaux programmes, évaluations des CM2… Depuis des mois, les sujets de mécontentement ne manquent pas dans le primaire. Aujourd’hui en rupture de ban avec Xavier Darcos, les professeurs des écoles devraient de nouveau descendre en nombre dans la rue. Le 20 novembre, ils avaient été quelque 69 % à cesser le travail. Selon les premières estimations du SNUipp-FSU, principal syndicat du primaire, ils seront autant à se mettre en grève demain.
« C’est une mobilisation importante qui s’annonce, confirme Gilles Moindrot, secrétaire général du syndicat. Deux mois plus tard, les raisons de la colère sont toujours là. » Le mouvement de grève sera particulièrement suivi dans le Cantal, l’Hérault, les Pyrénées-Atlantiques (85 % de grévistes attendus), ou encore dans l’Aude, le Gard, la Loire, le Puy-de-Dôme, le Rhône, la Sarthe (80 %). Dans l’Aisne, 200 écoles sur 614
seront fermées. Dans la Creuse, ce chiffre sera de 100 sur 168.
Les lycéens
sur leur lancée
À la pointe de la contestation au mois de décembre, le mouvement lycéen a marqué le pas en janvier après avoir obtenu le report de la réforme de la seconde. Malgré tout, les organisations lycéennes promettent de se mobiliser demain. Notamment pour continuer d’exiger du gouvernement qu’il revienne sur les 13 500 suppressions de postes dans l’éducation nationale à la rentrée prochaine. « Beaucoup de villes participeront, assure-t-on à la FIDL. Même si, avec la grève dans les transports, ce ne sera pas facile de se déplacer pour tous les lycéens… »
Les parents d’élèves
tout aussi mobilisés
On ne voyait qu’eux lors de la manifestation du 17 janvier. La FCPE, principale fédération de parents d’élèves, appelle une nouvelle fois ses adhérents à manifester demain. L’organisation entend ainsi refuser les suppressions de postes programmées à la rentrée 2009 et s’opposer à la carte scolaire « telle qu’elle commence à se dessiner dans les départements ». Sur le fond, la FCPE dénonce surtout la véritable politique de restriction organisée par le gouvernement. « En temps de crise, ce serait plus logique de surinvestir dans l’éducation que de désinvestir », déclarait récemment son président, Jean-Jacques Hazan.
L’université
en ébullition
Le supérieur est en pleine ébullition. Depuis plusieurs mois, la réforme du financement des universités et le décret modifiant le statut des 57 000 enseignants-chercheurs cristallisent la colère. Et le ton ne cesse de durcir. « On est entré dans une phase plus dense », confirme Jean Fabbri, le secrétaire général du SNESup. Lundi dernier, la grève à l’appel du SNESup-FSU (gauche) et d’Autonomesup (droite) a été particulièrement bien suivie dans les facultés de droit et de sciences économiques. Tandis que la grève administrative (rétentions de notes, reports d’examens…), observée depuis plusieurs semaines, ne cesse de s’intensifier. Hier, à l’appel de l’UNEF, plusieurs milliers d’étudiants ont participé à des assemblées générales contre la politique gouvernementale. La plupart d’entre eux devraient se retrouver dans la rue demain aux côtés des enseignants-chercheurs. « Le 29 janvier sera une journée importante qui pourrait se prolonger en grève continue à partir du 2 février si le gouvernement n’entend pas nos revendications », prévient Jean Fabbri.
L. M.